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Le Chabbat et le Dimanche

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Dans la Bible, nous lisons à propos du Chabbat :[1]
« Souviens-toi du jour du Chabbat pour le sanctifier. Pendant six jours, tu travailleras, mais le septième jour est un chabbat au Seigneur ton Dieu. Tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, pas plus que ton serviteur, ta servante, tes bêtes ou l’émigré que tu as dans tes villes. Car en six jours, le Seigneur a fait le ciel et la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent, mais il «  chôma » (s’arrêta, cessa) le septième jour. C’est pourquoi le Seigneur a béni le jour du Chabbat et l’a consacré » (Ex 20,8-11). « Qu’on garde le jour du Chabbat en le tenant consacré comme le Seigneur ton Dieu te l’a ordonné. Tu travailleras six jours (cf. citation précédente). Tu te souviendras qu’au pays d’Egypte tu étais esclave, et que le Seigneur ton Dieu t’a fait sortir de là, à main forte et à bras étendu, c’est pourquoi le Seigneur ton Dieu t’a ordonné de pratiquer le jour du Chabbat » (Dt 6,12).

Et aujourd’hui, comment se vit le chabbat ?
Le rituel juif comporte une prière spéciale à la synagogue la veille (le vendredi soir), le matin et le soir du Chabbat (le samedi). La partie la plus importante pour la famille se passe à la maison. En voici le déroulement, d’après un livret pour enfants juifs :
Le ‘Chabbat’ ? Ce mot veut dire « arrêt de travail ». D’après la Torah, Dieu a créé le monde en six jours et s’est arrêté de « travailler » le 7ème jour. C’est pourquoi d’après la tradition juive, on ne travaille pas en ce jour.
L’allumage des bougies : Pour accueillir le Chabbat on a coutume d’allumer des bougies, généralement c’est la mère de famille. La lumière est le symbole de la paix car elle éloigne l’obscurité et les peurs qu’elle entraîne. La Torah demande de se rappeler du Jour du Chabbat, de le sanctifier, de  montrer son importance avec le kiddouch, c’est la sanctification de ce jour. On fait le kiddouch sur une belle coupe de vin ou du jus de raisin. C’est le père de famille qui d’habitude prononce cette bénédiction d. Ensuite il prononce la bénédiction  Motsi’, la prière sur le pain, des ‘halotes’ des pains tressés. On marque la sortie (fin) du Chabbat par la ‘Havdala’, autre bénédiction. Le samedi soir, l’habitude est de prendre et de sentir les ‘Bessamim’ : ce sont des plantes odorantes. C’est pour se réconforter de sortir du Chabbat. Habitude aussi d’allumer le ‘Ner Havdala’, la bougie de sortie de chabbat, car d’après la tradition, c’est à ce moment-là que l’homme a pris connaissance du feu.
D’après Fêtes et traditions, premières questions, premières réponses, Yossef Azoulay, Editions Lichma, Eloul, 5766 (année civile 2004).

Pour en savoir plus
 : Célébrons les fêtes juives, Yael Hollenberg - Azoulay, Biblieurope, 2004

 Dans le Nouveau Testament, par exemple dans l’Evangile selon saint Matthieu et selon Marc  nous lisons à propos de l’institution de l’Eucharistie, puis de l’embaument du corps de Jésus :
« Pendant le repas, Jésus prit du pain, dit la bénédiction, le rompit et le donna à ses disciple en disant ‘prenez, mangez, ceci est mon corps. Puis il prit une coupe et après avoir rendu grâce, il la leur donna en disant ‘buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l’Alliance versé pour la multitude, pour le pardon des péchés’ »                   (Mt 26,26-28).
« Quand le Chabbat fut passé, Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques et Salomé achetèrent des aromates pour aller l’embaumer [le corps de Jésus].... Vous cherchez Jésus de Nazareth, le crucifié, Il est ressuscité. » (Mc 16,1....6). 

Aux premiers temps de l’Eglise, comment se vivait le dimanche ? Voici la description faite par St Justin vers l’an 150 ap. J.-C.
« Le jour qui fut le premier sera aussi le huitième, en sorte que la vie première ne soit plus enlevée, mais rendue éternelle » - « Le jour du soleil, à la campagne comme en ville, tous les chrétiens se rassemblent dans un même lieu. On lit les mémoires des apôtres - qu'on appelle les évangiles - et les écrits des prophètes aussi longtemps qu'on peut. Quand la lecture est finie, celui qui préside la réunion prend la parole, et invite les assistants à mettre en pratique les enseignements qui ont été lus. Ensuite nous nous levons, et nous prions à haute voix. On apporte alors le pain et le vin. Celui qui préside, adresse à Dieu une action de grâces, autant qu'il en a la force. Tout le peuple répond par l'acclamation : Amen ! Puis a lieu la distribution et le partage du pain et du vin consacrés. Nous ne prenons pas ces aliments comme une nourriture et une boisson ordinaires. Notre doctrine nous apprend que ces aliments sont consacrés par la prière et les paroles du Christ, et qu'ils sont le corps et le sang de Jésus. Certaines personnes sont chargées d'en porter aux absents et aux malades. Après, nous faisons une collecte. Chacun donne librement ce qu'il veut. Ce qui est recueilli est donné à celui qui préside. Avec cet argent, il peut donner des secours aux orphelins, aux veuves, aux malades, aux pauvres, aux prisonniers, aux étrangers de passage chez nous. » St Justin, 1ère Apologie, ch. 67, éd. L. Pautigny.

Et aujourd’hui, comment se vit le dimanche ?
S
elon le Catéchisme de l’Eglise Catholique : « Le dimanche est le jour par excellence de l’assemblée liturgique, où les fidèles se rassemblent pour que, entendant la Parole de Dieu et participant à l’Eucharistie, ils fassent mémoire de la Passion, de la Résurrection et de la Gloire du Seigneur Jésus, rendant grâce à Dieu qui les a régénérés pour une vivante espérance par la Résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts » (Mame/Plon, 1992, § 1167)
La liturgie chrétienne, selon le missel actuel[2], comporte deux bénédictions à l’offrande du pain et du vin : «  Tu es béni, Dieu de l’univers, toi qui nous donnes ce pain, fruit de la terre et du travail des hommes ... Tu es béni, Dieu de l’univers, toi qui nous donnes ce vin, fruit de la vigne et du travail des hommes  »
Voici, à titre de comparaison  la prière juive de la bénédiction sur le vin prononcée le Chabbat et lors du Séder de Pessah (repas rituel pascal)   : « Tu es béni Adonaï (= Seigneur) notre Dieu, roi de l’univers qui crées le fruit de la vigne, pour la vigne, le fruit de la vigne et les produits des champs, pour la terre précieuse, bonne et large, que tu as daigné donner en héritage à nos pères pour qu’ils en mangent le fruit et se rassasient de son bien.
Et sur le pain : « Tu es béni Adonaï (= Seigneur) notre Dieu, roi de l’univers, qui fais sortir de le pain de la terre ». 
Pour en savoir plus : Livre du Séder, Jacquot Grunewald, diffusion Lichma, 2011 : www. lichma.com

 

Alors, quel rapport y-a-t-il entre le Chabbat et le dimanche ? Pour mieux le comprendre, voici un extrait d’article de Sœur Anne-Catherine Avril, nds, 1987 (avec l’autorisation de l’auteur).
« Commençons par nous demander pourquoi les Evangiles nous transmettent que Jésus est ressuscité le lendemain du shabbat, le premier jour de la semaine (cf. Mt 28,1et //). Le premier jour de la semaine c’est le jour UN de la création, le jour que la Genèse n’appelle pas premier jour (comme elle dira deuxième, troisième jour (Gn 1,1-31) mais jour UN, Yom Ehad. Jour unique entre tous auquel la tradition juive réfère tous les premiers jours dont parle l’Ecriture en leur attribuant « dix couronnes » ou mérites.
C’est le jour où la lumière sortit de Dieu en même temps que sa Parole ‘Dieu dit : que la lumière soit, et la lumière fut’ (Gn 1) ... ‘Le Verbe n' était-il pas la lumière’ ? (Jn 1,9); cette lumière qui n'est pas celle des astres créés le quatrième jour (Gn 1,14 -19), lumière que Dieu mit en réserve pour la dévoiler en faveur des justes dans le monde à venir (toujours d'après la tradition juive).
Le lendemain du Shabbat, c'est le jour qui vient après le septième, jour déjà bien significatif dans la tradition d'Israël. Si le chiffre sept est signe de la plénitude au plan de ce monde, huit est le chiffre de la sur-plénitude promise au monde à venir. [...]
La Résurrection de Jésus a échappé à l'expérience humaine. Lorsque les Evangélistes nous disent que Jésus est ressuscité le lendemain du Shabbat, le premier jour de la semaine, leur message est évidemment plus théologique que chronologique. [...]
Pourquoi les pères de l'Eglise ont-ils aimé cette expression du huitième jour pour parler de la Résurrection de Jésus? Peut-être est-elle privilégiée pour exprimer la dimension d'accomplissement du Shabbat au Dimanche, accomplissement qui, loin d'abolir, met en lumière et la grandeur du Shabbat dont nous devons toujours vivre les valeurs et la spécificité chrétienne du premier jour de la semaine.
La grandeur du Shabbat dont nous devons toujours vivre les valeurs: savoir arrêter son projet pour laisser place au projet de Dieu, savoir s'arrêter de faire pour célébrer dans la gratuité de 1'être reçu, la Création, l'Alliance, la Rédemption (dont fait mémoire le Shabbat).
La spécificité chrétienne du jour du Seigneur : mémorial de notre Rédemption, signe de notre "être déjà ressuscité" dans le Christ, prémices du jour où Israël et les Nations seront UN en Lui et qui sera comme une résurrection d'entre les morts, ‘le passage de la mort à la vie’ (cf. Rm 11,15). ‘Ce sera un jour UN. Le Seigneur seul le connaît. Il n’y aura plus ni de jour ni de nuit, mais à l’heure du soir brillera la lumière’ (Zac 14,7) ».
Rendons grâce à Dieu pour la louange qui monte des lèvres du peuple juif, de Chabbat en Chabbat et pour l’action de grâces eucharistique, dans le mystère du sacrifice du Christ, spécialement de dimanche en dimanche, afin que vienne le Règne de Dieu car tout est de Lui et par Lui et pour Lui. A Lui soit la gloire éternellement. Amen !

Isabelle Denis nds      


[1] Ndr : Ce mot s’écrit « Chabbat » ou « Shabbat ». Nous avons choisi de respecter la graphie employée par les auteurs cités.
[2]
Cf. Le Missel Romain, Missale Romanum, édition typique, 26 mars, 1970, selon le Concile Vatican II.


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