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Note sur l'amour de Dieu et du prochain

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Que lisons-nous dans la Bible sur l’amour de Dieu et du prochain ? Dans le livre du Deutéronome se trouve la profession de foi juive :
« Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu, le Seigneur un, et tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton pouvoir» (Dt 6, 4-5).
Pour comprendre comment le peuple juif vit cette profession de foi, voici un extrait d’un article de Sr Anne Catherine Avril nds, reproduit ici « Ecoute Israël, Shema Israël : profession de foi juive »,  avec l’autorisation de l’auteur. Nous pouvons y voir que l’amour de Dieu ne saurait être sans l’amour du prochain, comme le stipule le contrat d’Alliance entre Dieu et son peuple, Israël, selon le Décalogue (Exode 20).
L’amour de Dieu et du prochain selon la foi chrétienne ne peut que s’enraciner dans la source juive, tout en se vivant à la suite du Christ, mort et ressuscité pour le salut du monde, amour porté à sa plénitude.

« Ecoute Israël, Shema Israël  [1] : profession de foi juive »

 Le Shema Israël, confession de foi du peuple d'Israël.
Récité deux fois par jour, le matin et le soir, le Shema Israël habite et façonne la mémoire juive. Il est encadré de trois bénédictions dans la liturgie. La première bénédiction rappelle la Création. Sa vision est universelle. Elle atteint son sommet avec le «Saint, Saint, Saint» (Is 6,3), qui affirme la transcendance de Dieu Créateur, dont la gloire remplit toute la terre. Ce Dieu saint, séparé, n'est pas indifférent à sa création. Il s'y révèle, il y est donc aussi présent et agissant. Mais pour que son immanence à son œuvre ne prête pas à confusion, la prière s'empresse d'ajouter : « Bénie soit la gloire du Seigneur depuis son Lieu » ( Ez 3.12). Le Lieu de Sa gloire demeure au-delà de toute connaissance. La deuxième bénédiction est centrée sur l'élection d'Israël par amour, et par conséquent sur la révélation particulière que Dieu a faite de Lui-même, à Israël, par sa Torah. La troisième bénédiction, qui, elle, suit le Shema Israël, évoque la rédemption, dont l'événement fondateur est la sortie d'Egypte.

 La récitation du Shema Israël comprend trois passages des Ecritures :
Dt 6,4-9, Dt 11,13-22 et Nb 15,37-41, qui manifestent la relation d'Alliance entre le Dieu unique et Israël. Selon un commentaire rabbinique, il y aurait ici allusion aux «Dix Paroles » : affirmation d'une vérité : Dieu est un et unique, s’engager à l'aimer implique l'observance des commandements, dont les «Dix Paroles» sont le résumé. Or la première des deux Tables de la Loi (les cinq premières Paroles) vise la relation à Dieu tandis que la seconde (les cinq dernières Paroles) porte sur la relation au prochain. Cf. Exode 20.
Le premier passage du Shema Israël (Dt 6,4-9) se situe à l'intérieur de la relation d'Alliance entre Dieu et son peuple. Il est la confession de foi d'Israël en l'unité de Dieu : «Entends, Israël, le Seigneur notre Dieu, le Seigneur est un.» Cette confession de foi implique une réponse d'amour à l'amour reçu : « Et tu aimeras le Seigneur ton Dieu », réponse qui engage la personne dans tout ce qui la constitue: - son cœur (lev), qui est le lieu où l'on s'engage, - son âme (nefesh), c'est-à-dire sa vie, sa liberté d'être, son identité, - et enfin sa puissance (me'od), que l'on peut traduire par « beaucoup», c'est-à-dire ce que l'on possède et qui rend puissant.

Le Shema Israël : confession de foi dans le Dieu Un et affirmation des exigences qui en découlent dans l'aujourd'hui.
« Que ces commandements ne soient pas à tes yeux comme un commandement ancien auquel on n'attache pas d'importance, mais comme un commandement nouveau au-devant duquel tout le monde court. » cf. Élie Wiesel Un juif aujourd'hui, Paris, Seuil, 1977.
Le Shema Israël affirme encore l'importance des commandements comme moyen concret pour manifester sa propre réponse d'amour à l'amour de Dieu. Dieu a multiplié les commandements pour accroître le mérite d'Israël, lui donnant ainsi d'innombrables occasions de lui montrer son amour : tel est le sens du deuxième passage (Dt 11,13-21).
Mais le Shema Israël est aussi confession de foi en Celui qui a fait sortir Israël d'Egypte (Nb 15,37-41). Autrement dit, les commandements sont une voie de libération. Israël n'a pas quitté l'esclavage d'Egypte pour retomber sous le joug de ses propres servitudes, mais pour recevoir le joug qui rend libre, le joug du Seigneur et de sa Torah.

Jésus a prié le Shema Israël, il l'a vécu. Il y voit le premier commandement, auquel le second est semblable. À sa suite, les chrétiens continuent de recevoir d'Israël le Shema en paroles et en actes. La vie chrétienne se situe dans ce mouvement d'alliance.

(Cf. La Nouvelle Revue Théologique, tome 118,5, sept.-octobre 1996, p. 709-726.) 

                Amour de Dieu et du prochain selon la foi chrétienne

 Voici ce qu’écrivait J-Charles Thomas, alors évêque d’Ajaccio : « J’aurais aimé entendre les conseils que Marie donnait au fils de Dieu. Je suis sûr qu’elle lui disait souvent : ‘Ecoute Dieu et prie. Fais sa volonté. Regarde et aime le prochain comme toi-même. Sois un fidèle serviteur. Dieu est plus grand que tout. Demeure en Dieu : Il demeurera en toi. Ensemble vous serez un. » (La Croix, 17.05.1982)
Qu’est-ce à dire ? Quel enseignement du Christ Jésus trouvons- nous dans le Nouveau Testament ?

 Le plus grand commandement dans le Nouveau  Testament
Le légiste, Jésus, Paul, Jacques, les évangélistes et tant d’autres ne font donc que reprendre ce que tout Juif, considère comme essentiel, au cœur de sa foi.
Ce que l’on appelle le « double commandement de l’amour » se lit ainsi dans les trois synoptiques  en Marc 12,26-31 ; Mt 22,34-40 ; Luc 10,25-26. St Paul, dans la Lettre aux Galates rédigée dès 54 ap. J-C rappelle aussi : « La Loi toute entière trouve son accomplissement dans cette unique Parole : ‘Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Gal. 5,14b. Il le redit dans la Lettre aux Romains vers 57 ap. J-C : « Celui qui aime son prochain a pleinement accompli la Loi … Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Rm 13, 8.10. De même Jacques – vers 80 ap. J-C : « Si vous exécutez la Loi royale, conformément au texte : ‘tu aimeras ton prochain comme toi-même, vous agissez bien ». Jc 2,3.

 Double commandement de l’amour enraciné dans le Premier Ancien Testament
Ces commandements sont des Paroles de vie, les Dix Paroles du Décalogue – Exode 20 ,1-17. Ils concernent les relations avec Dieu et autrui. Le Livre du Lévitique précise : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même »      Lv. 19,18. Ce qui est dit au peuple d’Israël en Dt 30,15 concerne aussi les disciples de Jésus, tous les chrétiens :      « Vois, dit le Seigneur, Je te propose aujourd’hui vie et bonheur … si tu écoutes les commandements du Seigneur ton Dieu et que tu marches dans ses voies. ». Ce qui signifie refuser de « suivre les idoles des nations ».           Cf. Dt 6,14 : le Dieu d’Israël seul Seigneur et ses commandements sont en relation avec le prochain.
La tradition biblique a redit de diverses manières la relation au prochain selon Dieu. Dans le Ps 15 : « Qui habitera dans ta maison Seigneur : celui qui marche en parfait, pratique la justice, dit la vérité, sans laisser courir sa langue ; ne lèse en rien son frère, n’insulte pas son prochain ... ne prête pas son argent à intérêt ; n’accepte rien pour nuire à l’innocent » ; dans Isaïe : « Celui qui se conduit bien et dit la vérité » Is 33,15 ; dans Michée : « Homme on t’a dit ce qu’il convient, ce que le Seigneur réclame de toi : pratiquer la justice, aimer à être bienveillant, marcher humblement avec ton Dieu » Michée 6,8 ; dans le Second Isaïe : « Garde ma Loi et agis avec droiture » Is. 49,18 ; ainsi que dans Habacuc : « le juste vivra selon la foi » Ha 10,30.
Le double objectif de chercher Dieu et de vivre en « juste » au milieu des hommes se retrouve constamment comme fondement du chemin de la vraie vie. C’est pourquoi lorsque Luc met dans la bouche du légiste le double commandement, avec l’approbation de Jésus, nous sommes bien dans la ligne biblique : « Fais cela et tu vivras ».
Marc le fait remarquer dans la bouche du scribe qui approuve Jésus ; et le scribe ajoute une vérité bien connue du peuple juif, méditée dans le Ps 50 : « Aimer Dieu de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute sa force et aimer son prochain comme soi-même vaut mieux que tous les holocaustes et sacrifices. » Mc 12,33

Aimer « comme » Jésus a aimé : Nouveauté de la vie chrétienne
La suite de la réponse de Jésus au scribe : « Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu » Mc 12,34 fait comprendre, avec Luc et Jean, comment le disciple de Jésus Christ est appelé à le suivre en vivant comme lui  ce double commandement de l’amour : « Jésus, sachant que son Heure était venue de passer de ce monde à son Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin » Jn 13. Il leur lave les pieds et leur dit de faire de même entre eux et il conclut, pensant à sa passion, sa mort sur la Croix et sa Résurrection : « Maintenant le Fils de l’Homme va être glorifié… aimez-vous les uns les autres COMME je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres ... A ceci tous vous reconnaîtront pour mes disciples » Jn 13,1…35 « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » Jn 15, 13.

                                                                                                       Isabelle Denis nds


[1] Pour Marc-Alain Ouaknin, cependant, dans le judaïsme «  il n’y a pas d’obligation de croire en Dieu ... mais des actions et des préceptes à accomplir... Dans le texte célèbre intitulé Chema Israël... il est seulement interdit de commettre l’idolâtrie. On peut très bien être athée ou agnostique en proclamant cela ». Cf. La Tora expliquée aux enfants, Seuil 2009, p.109.


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